Quand je croise un chien sur un chemin ou sur un trottoir, j'ai pour habitude de me décaler de façon significative sur le côté, parfois même je fais une boucle ou je change de trottoir. Il m'arrive même de faire un demi tour. Que je sois accompagnée de mes chiens...ou pas. Pour quelle raison si je suis seule, me direz vous ? Quand le chien s'apprête à me croiser et qu'il me voit arriver, même de loin, il perçoit mes déplacements et ma trajectoire. En continuant d'avancer dans sa direction, je me dirige clairement vers lui. Quelles sont mes intentions ? Vais-je rechercher une interaction ? Suis-je pacifique ? Est-ce que ce chien est à l'aise avec les inconnus ? Mais aussi... Est-ce que cet autre humain est lui-même à l'aise au moment où son chien croise d'autres individus ? Va t'il raccourcir l'attache pour le ramener à lui, exiger verbalement des choses ? Va t'il lui transmettre ses propres craintes ? En gros, je ne connais ni ce chien ni cet humain. Je ne connais pas ce binôme. Leur relation et leurs expériences.
En réalité, si certains chiens se sont habitués à ces situations et n'éprouvent pas de difficultés, d'autres ne les vivent pas aussi sereinement. Surtout si elles sont répétées. Attachés, sans possibilité de prendre la distance nécessaire à leur confort personnel, soumis aux propres émotions de leur humain référant, ils finissent par s'inhiber. Mais s'inhiber, ça n'est pas être à l'aise. S'inhiber, c'est vivre une situation contre son gré, avec souvent un sentiment d'insécurité. C'est ne plus avoir le choix. Pour les chiens, il faut souvent beaucoup de temps et d'espace pour vivre les rencontres. Nous ne leur accordons peu de temps car nous en manquons nous mêmes. Mais pour l'espace, nous pouvons tenter de les aider. Alors, passer son chemin en s'écartant, ce n'est pas grand chose...tourner ses épaules dans la direction opposée, ne pas les regarder de façon ostentatoire voire prendre une distance significative, c'est pour eux, sans aucun doute, une aide précieuse. Soyons polis avec les chiens !